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Nuit sur la tombe d'Arnaud

Nuit du 27 décembre 2019 sur la tombe d'Arnaud Desjardins.

Cela a été une nuit compliquée. Je ne vais pas être capable de tout dire d'une façon ordonnée, je ne sais même pas par où commencer. Ce sera hyper décousu. Il faudra tout lire pour tout comprendre. Et on va, pour bien comprendre ce qui s'est passé, faire des tours et des détours, surtout pour les lecteurs qui n'ont pas suivi mon histoire depuis le début. 

Donc, d'abord, pour les lecteurs qui ne seraient pas au courant :
J'ai toujours vu les cimetières de jour et peut-être que j'ai déjà vu des cimetières de nuit du toit de la maison de mes parents au Viet-Nam quand j'étais petite mais je ne m'en rappelle pas bien et il y a quelques années, je suis allée dans le cimetière de Soisy, là où j'habite (en escaladant le mur à l'aide d'un chariot Auchan qui trainait pas loin qui me servait de courte-échelle). Je le dis ouvertement ici parce que la police était au courant dès le lendemain matin, j'en ai parlé exprès, je m'en fous, je ne fais rien de mal.

Et en me baladant, j'ai vu dans les arbres un "tableau"  comme un peintre peut voir le tableau que personne ne voit parce que la vision est voilée par le flot incessant de ses pensées. J'ai vu une fois un tableau avec moi et Arnaud dessus, je crois qu'on était avec un panier pic-nic préparé par Michelle et on se souriait. C'est souvent comme ça que j'ai eu mes idées de sépultures. Et j'appelle ça de l'art sacré parce que cela vient de la source divine de la créativité, ce n'est pas moi qui imagine des images, les images sont juste là devant mes yeux aussi clairement que si on avait déroulé dans le ciel et devant ou derrière les arbres un écran blanc géant sur lequel sont projetées des images, parfois fixes, parfois mouvantes, un visage se transforme en un autre par exemple. Ce n'est pas une raison pour aller déranger Arnaud sur sa tombe mais ce serait super intéressant que j'aille une nuit sur la tombe d'Arnaud avec Nathalie, une pote de Thierry que j'ai rencontrée à Hauteville pour voir si elle voit ce que je vois.

Une fois, à la maison, après avoir allumé un cierge pour inviter la Vierge Marie à venir me rendre visite parce que je voulais connaître la mère de Jésus - dont le fantôme m'a lui-même rendu visite (je vous jure sur ce que j'ai de plus cher que c'est vraiment arrivé en février 2009). J'ai médité devant la flamme de la bougie et j'y ai à la fois vu la Vierge, la vraie et son humeur : elle n'était pas contente parce que j'ai utilisé une bougie rouge (c'était la seule que j'avais trouvée dans le tiroir) et elle aurait préféré une bougie blanche. Elle n'était pas contente mais elle était venue et puisque je voulais la connaître, elle s'est montrée telle qu'elle est vraiment :

La statue de la Vierge la montre drapée de voiles et cet habit aujourd'hui ne fait pas du tout le même effet sur nous qu'à son époque. Aujourd'hui, ça fait vierge effarouchée qui ne montre même pas ses mollets. Mais à l'époque, les hommes voyaient les femmes habillées comme cela comme des femmes à la fois incroyablement sexy et maternelles. L'équivalent d'aujourd'hui, serait une veste noire, ceintrée et décolletée sur une poitrine généreuse et débordante de lait. Pour l'homme, c'est magnifique et pour l'enfant, comme le petit veau, la maman est une vache laitière. Et je maintiens la comparaison avec la vache. 

Et la vision de la vraie Vierge Marie ne me surprend pas du tout parce que si dieu nous a fait à son image, dieu n'a pas pu ne pas choisir pour porter son fils une femme exceptionnellement exceptionnelle. Si je devais avoir une mission divine, en d'autres termes, si j'avais une raison d'être sur terre autre que celle d'être une maman, je dirais que cela doit être quelque chose de ce genre-là : montrer les "divinités", le monde invisible au monde. On peut appeler ça une destinée mais je le sens plus comme une fonction naturelle, ce pour quoi je suis née (voir vidéo d'Eckhart Tolle).

J'ai lu la bible en vietnamien, l'ancien et le nouveau testament, entre 4 et 9 ans, la version normale pour adultes. Lors d'un voyage privé à Londres avec deux collègues, on est parties en courant de l'hôtel avec nos valises parce que j'ai volé la bible en anglais qui était posée sur la table de nuit. :-) :-) :-) :-) Je l'ai volée parce que j'étais trop contente de retrouver la lecture de mon enfance mais en anglais, ma langue préférée après le français. 
Je suis partie de l'hôtel avec la bible comme on part avec un savon. Et on a couru parce qu'on s'imaginait poursuivies par l'hôtellier. :-) :-) :-)
Mais quand j'ai ouvert le bouquin, j'ai même pas essayé un paragraphe, j'ai laissé tomber di-rect tellement c'était ennuyeux : Rebecca, Isaac et plein plein plein de noms, des générations et des générations d'humains. Cela ne m'était pas du tout étranger, c'était bien le même texte mais je ne sais pas pourquoi devenue adulte, je n'ai plus pu lire la bible comme je l'ai lue petite fille. 

Et autre fait marquant de l'histoire : je n'ai jamais été capable d'écrire correctement une phrase en vietnamien. A 14 ans sur une carte postale adressée à mes parents, je voulais écrire en vietnamien que j'ai fait du cheval, j'ai écrit le mot cheval en vietnamien 3 fois, j'ai rayé les 3 mots parce que je ne trouvais pas la bonne orthographe et j'ai fini par écrire cheval en français. Pour dire mon tout petit niveau en vietnamien. Et je suis incapable aussi de lire l'horoscope en vietnamien, c'est ma soeur qui me le lit. Comment j'ai pu lire la bible en vietnamien ? Premier mystère cosmique de ma vie. Le tout premier. 

Et la toute 1ère question importante que j'ai posée à ma mère c'est : "Maman c'est quoi dieu ?". Un vrai questionnement de môme. 

Normalement, les enfants posent toutes leurs questions à leurs parents. Mais je ne sais pas pourquoi ma fille qui, entre 4 et 8 ans, a regardé presque hebdomadairement Allo maman, ici bébé m'a avoué une fois grande qu'elle regardait le film tous les dimanches matin en se disant qu'elle allait enfin comprendre ce qu'était une lesbienne (le personnage principal a dit dans le film : "Mais je ne suis pas une lesbienne !"). :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) Je ne sais pas, elle ne sait pas pourquoi elle ne m'a jamais posé la question, elle me posait pourtant toutes sortes de questions et attendait toujours que je lui dise la vérité. A 7 ans, parce qu'elle a remarqué que quand les tatas et les tontons arrivaient à la maison à Noël, ils planquaient toujours des paquets et je me suis fait engueuler comme du poisson pourri parce que je lui affirmais que le père Noël existait. Elle disait que j'étais là pour lui dire la vérité. Elle attendait très clairement ça de moi. Le fils de quelqu'un, lui, s'en fout complètement : "Il n'existe pas ? Je m'en suis douté." Et il est parti jouer. Donc, je ne sais pas pour le père Noël...
J'aime bien faire des cadeaux aux enfants à Noël mais une année, Bruno un de mes neveux, à un âge déjà bien tardif, s'est pointé Pour recevoir un cadeau, s'est vu demander : Tu crois encore au père Noël ? :-) Ben oui, parfois, je fais des trucs bizarres. Je ne culpabilise pas du tout. Je n'avais aucune raison de punir Bruno mais cette année-là, c'était non pour Bruno, dieu seul sait pourquoi, peut-être qu'il était déjà trop âgé. Ou cela se trouve, le père Noël existe vraiment et a agi à travers moi parce que cette année-là, Bruno ne méritait pas de cadeau ? :-) :-) :-). Plus sérieusement : qui sait vraiment en fait ? Les légendes ont toujours une cause et une racine.

 

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Une fois que j'ai vu le cimetière de Soisy de nuit, je voulais le connaître plus en dormant dedans et je ne l'ai jamais fait parce que c'est trop risqué : si je me fais choper, c'est plus déprimant que la prison. C'était une idée qui trainait dans ma tête depuis des années.
Et là, à Hauteville, la 1ère nuit, je voulais juste aller méditer sur la tombe d'Arnaud, non pas pour avoir des précisions sur son mausolée mais juste pour être disponible pour lui, pour lui dire : 
Voilà Arnaud, j'ai fait tout ce que j'ai pu pour faire construire votre mausolée, qu'est-ce que je peux faire d'autre ? Et sur le banc, je me suis mise à penser à penser à penser à des tas de trucs. Et en levant les yeux vers les arbres qui sont au-dessus de sa tombe, j'ai vu la taille et l'allure du truc : si on pose le monument en ossement sur le muret qui fait le carré autour de sa tombe, on peut faire bas mais pour que le monument ne soit pas tassé, il faudra une certaine hauteur. Et putain, la vache, comment ça a de l'allure, comment ça en jette, c'est un truc de ouf, un vrai truc de ouf, en plus avec par-dessus la "hutte" de Swami Prajnanpad, c'est wouah wouah wouah, je suis restée scotchée, scotchée, scotchée. 

J'en ai parlé vite fait comme ça, je voulais que les adhérents qui savent dessiner, proposent des dessins. 

Dans mon esprit, ils envoient le dessin à Emmanuel avec moi en copie. Si je n'ai rien à dire, je ne dis rien et si j'ai quelque chose à dire, je le dirai. Je pourrais recommander un bout d'un dessin avec un bout d'un autre dessin. Mais je pourrais aussi retenir un sentiment d'un dessin, pas forcément quelque chose de visible. 
Mais ce n'est même pas la peine d'y penser, ils ne voudront pas parce qu'ils pensent que cela va me rapporter à moi, personnellement. En vérité, cela n'apportera rien à personne, à per-sonne. Ou plutôt si aux Amis d'Hauteville représentés par l'équipe de permanents. C'est leurs noms qui seront retenus. C'est comme ça. Cela ne me fait pas plaisir à moi non plus, ça, je peux vous le dire. Mais ce sera très probablement, plus que probablement comme ça que cela va se passer. 

La 2ème nuit, je n'étais pas plus motivée que ça parce qu'il faisait doux mais la nuit dehors, même en été, il caille sa race, c'est l'expression exacte et je le sais parce qu'une nuit d'été, en rentrant à pied de chez Kader, je me suis fait agresser et piquer mon sac avec mes clés et mon téléphone dedans, j'ai dormi sur un banc en attendant l'heure de sa prise de service chez Auchan pour lui demander d'ouvrir la porte avec une radio (méthode bien connue des serruriers).

Et puis, j'étais fatiguée, tout ce que je voulais, c'était d'aller au lit, me mettre sous la couette bien au chaud comme la fois où je suis allée dans le cimetière de Soisy, j'étais vannée après une longue et difficile journée (il était plus de 2h30 du matin à Soisy).
Mais je voulais quand même aller dormir sur sa tombe déjà parce que Hauteville est probablement le seul endroit au monde où je pouvais dormir à côté d'une tombe dans la forêt en toute sécurité, sans me préoccuper des intrus humains et des animaux sauvages (il y a des sangliers à Hauteville mais ils sont tenus à distance des chemins par des fils électriques). Je ne pouvais pas laisser passer l'occasion. 
J'étais pourtant très très tentée de remettre les choses au lendemain mais il a plu toute la journée et il ne pleuvait plus et il pourrait repleuvoir les autres jours, je ne pouvais pas consulter la météo, on n'a pas le droit d'utiliser internet (même pas pour consulter des recettes de cuisine !!!!! N'im-por-te quoi mais n'im-por-te quoi). Donc, c'était le moment où jamais. Je suis allée acheter exprès un grand plaid que je pouvais plier en deux pour avoir une couche sous moi et une couche sur moi. J'ai pris mon oreiller. Je me suis habillée comme Mike Horn - doudoune, un gros pull et deux tricots à manches longues et deux paires de chaussettes (la nuit d'avant, parce que j'avais beaucoup trop froid aux doigts de pieds, je suis redescendue au bout de 1h45 en comptant 30 mn de marche parce que je me suis perdue à l'aller, j'arrivais pas à retrouver sa tombe, je n'ai aucun, absolument aucun sens de l'orientation, je me suis même gourrée en partant en voiture samedi, même mon GPS délire, je suis la spécialiste des demi-tours). 
J'ai préparé aussi ce qu'il faut pour passer une bonne soirée (je suis partie à 23h et je comptais rester jusqu'à ce que j'ai trop froid, donc pas trop longtemps en fait). Donc, j'ai pris un parapluie pour redescendre s'il pleut, du saucisson, deux parts de tartes, une bouteille d'eau et ce qu'il faut pour passer une bonne soirée sur la tombe d'Arnaud. 

Puis, pendant que je dépliais mon plaid, je me suis dit : Qu'est-ce que tu veux, qu'est-ce que tu viens faire sur la tombe d'Arnaud ? 

Je voulais qu'il m'inspire pour faire avancer ce foutu mausolée. Je sais bien que l'obstacle, c'est Emmanuel et la famille d'Arnaud. On ne peut rien bouger sans l'accord de la famille. Pour changer une croix de Jésus sur la tombe de mes parents, normalement, il aurait fallu que j'aie l'autorisation de mon grand-frère parce que c'est lui qui a acheté la concession. Et pour déplacer un corps, il faut l'accord de tous les enfants. La galère. :-) On se voit pas, on est brouillés, la mairie a fini par dire oui pour la croix mais ça n'a pas été automatique non plus. 
A ce propos, déplacer un corps n'a rien d'immoral même si oui, on "déterre" le corps et cela choque. Mais c'est une opération très courante (des gens peuvent être mis dans des caveaux provisoires dans l'attente de la fin des travaux sur le caveau définitif). Les pompes funèbres font ça avant le lever du jour pour le cacher des yeux des habitants autour du cimetière.
Mais normalement, si je ne touche pas à l'existant, si je fais suspendre par exemple le monument en ossements au-dessus du muret à la façon d'un pont suspendu, juste au-dessus, à 10 cms au-dessus pour le narguer, :-) :-) :-) Emmanuel n'aura rien à me dire. Supposons par exemple qu'Arnaud aurait signé un contrat avec moi de son vivant. :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-)

Donc, je voulais qu'Arnaud m'inspire et comme 

- en langage spirituel, il disait souvent que dans la vie, pour recevoir, il faut donner
- pour qu'il reçoive bien ce que je lui donne, il faut lui donner ce qu'il veut

je me suis dit ceci quand je me suis allongée dans le plaid :

Etant donné qu'Arnaud s'est trompé sur le Je suis votre servante de Marie (qui s'est agenouillée devant Jésus et non pas devant Joseph, donc, devant son fils et non pas devant son mari), 

Entre parenthèses, il s'est aussi trompé comme Swâmi Prajnanpad et Freud sur la prétendue envie du pénis qu'auraient les femmes (comme la prétendue jalousie qui serait exclusivement féminine, laissez-moi rire :-) :-) :-) :-) :-) :-)),

Etant donné qu'Arnaud a un ego monstrueux (je suis la seule à le dire mais je l'assume)

- à ce propos, Emmanuel n'est effectivement pas l'héritier de son père mais c'est bien le fils de son père avec un ego tel que oui, ben oui, il m'a envoyé non pas sa femme mais ses potes, les potes de ses potes, ses voisins aussi de tous âges, 
mais attention...des gens avec une alimentation de standing supérieur. :-) Pain complet étouffe-chrétien, la plupart ne savent pas ce que c'est qu'une Fajitas :-) :-) :-) :-) leurs pauvres gosses ne boivent pas de coca-cola, ils sont abonnés au jus de fruits bio et même aux chips bio achetés dans des magasins bio absolument bien sûr, le thé chez Mariage Frères (?) ou les Frères Mariage (?) :-) :-) ils n'ont certainement jamais goûté au coca (Lady Di a eu raison d'emmener les deux princes manger des burgers, le prince Charles est un gros nul - il disait qu'elle n'avait pas à faire ça parce qu'il y avait suffisamment de bons cuisiniers au palais), 
cela me rappelle ma mère qui m'interdisait de jouer sous la pluie quand le village entier se transformait en Aquaboulevard avec la pluie diluvienne, tous les enfants s'en donnaient à cœur joie, glissant sur le ventre sur les terrasses cimentées et lisses, se plongeant dans la trombe d'eau qui tombait des gouttières...et moi qui les regardais par la fenêtre, me demandant ce que j'avais fait au bon dieu pour que ma mère à moi ait peur que je tombe malade si je vais sous la pluie. :-(

Donc, :-)

Pour qu'Arnaud veuille bien m'inspirer, malgré mes contestations diverses et variées et ses vraies erreurs, 
je voulais bien jouer à Marie Je suis votre servante en m'allongeant au pied de sa tombe. 
 

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J'ai vu qu'on pouvait récolter de l'argent, faire une cagnotte avec Fb mais il y a beaucoup beaucoup plus important à penser que l'argent pour le moment. Non mais vraiment vraiment vraiment. La nuit sur la tombe d'Arnaud, ce n'est pas qu'une histoire de fantômes. C'est inimaginable, ce qui m'a été montré, c'est au-delà de tout entendement. Donc, oui, la thune mais c'est le boulot de Thierry, Thierry Martin, le DAF et le "DG" de l'assos. 

Je ne serais pas contre gagner un peu plus d'argent parce que oui bien sûr, je vis bien mais je ne fais pas non plus tout ce que je veux, c'est soit les vacances avec Mademoiselle (qui me coûte la peau des fesses, je ne lui demande aucune participation parce que je veux qu'elle vive bien tant que je suis encore là et capable de le faire pour elle) soit aller à Hauteville quelques fois dans l'année et je ne peux pas donner plus sans que cela me coûte plus que mon envie ou mon besoin d'y aller. Quand le rapport bénéfice attendu/sacrifice à faire est défavorable pour moi, - ma petite personne dont il faut honorer, physiquement pas comme Alain Bayod mais on en reparlera et autrement, financièrement, spirituellement, intellectuellement...tous les aspects de l'être, je crois qu'on pourrait dire, je ne culpabilise pas de ne pas faire de sacrifice même pour donner aux pauvres (et je donne souvent aux clodos, le monsieur ou la dame assis par terre là où on fait ses courses).
C'est terrible ce qui est arrivé à Ophélie Winter. J'ai vu une photo actuelle d'elle, pas une photo de quand elle avait de quoi vivre, elle a pris 20 ans dans la tronche, 20 ans. Quelqu'un à la rue, ça se voit direct sur son visage. 
Je veux bien faire des sacrifices pour les gens qui sont à la rue mais sans vouloir faire aucune politique, si on ne supprime pas la cause du problème de surpopulation "parce que cela ne se fait pas", "on ne peut pas ceci" et "on ne peut pas cela non plus", on se suicide par solidarité, tout le monde crèvera et nos enfants naîtront pour se taper dessus vraiment physiquement pour survivre, fini le petit veau. L'avenir est tragique, sans aucun pessimisme. Et juste pour ça, j'ai envie que la société fasse quelque chose de fantastique artistiquement.

A Hauteville, on est très imprégnés des histoires et légendes des temps anciens, Milarepa, les maîtres spirituels qui imposaient le pire à leurs disciples (faisant travailler ensemble des gens de caractères incompatibles -supposés si le choix des équipes de travail est basé sur l'horoscope :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-):-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-):-) :-) :-), mais l'idée retenue, c'est qu'il faut  faire des efforts, souffrir, se faire violence pour tout. Ils sont tellement "dedans" qu'ils ont même appelé leur chat Shakti :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-)
On m'a mise au ménage en juin, j'en suis sûre, parce qu'on sait que je n'aime pas ça (alors qu'avant, je crois que c'était le hasard qui décidait, comme la place des gens à table attribuée par leur nom sur la pochette de la serviette). La nouvelle équipe a imposé beaucoup de choses. Et à mon avis, Eric Edelman y est pour quelque chose et Emmanuel et Thierry aussi. Hauteville est devenu l'application à la lettre d'Arnaud (alors que l'esprit, c'est Daniel, on le sait tous, il n'y a pas besoin de mon témoignage). C'est certainement pour ça que Daniel est parti. J'y étais pas du tout mais c'est plus que probable que cela soit une histoire dans ce genre-là, pas forcément cela, vraiment, on n'en sait rien, mais cela pourrait être ça, je peux être complètement à côté de la plaque aussi, j'y étais pas et je n'ai rien lu non plus sur le sujet.
Mais pour Marie, Arnaud s'est trompé. Et ce n'est pas qu'il s'en fiche mais il est complètement à l'aise avec ça, je ne sais pas encore comment décrire cet état, c'est bien pire que quand il a été vertement critiqué par André Comte-Sponville à une AG devant nous, son public, cela remet plein de choses en question, la base même de la psychologie humaine, donc le rapport avec la mère et le père, tout est lié. 

 

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Je suis allée du bâtiment principal jusqu'à sa tombe qui se trouve en hauteur sur le terrain d'Hauteville. Pour ça, il faut marcher sur des chemins dans la forêt, monter un petit escalier, emprunter un tout petit chemin en côte. Ils ont dû galérer pour amener son cercueil là. 
Il fait nuit noire. Complètement noire. J'utilise la torche du portable pour m'éclairer. 
Une fois, avec Jo, mon ex-mari, on était sur la route de vacances et à un moment, on traverse une forêt où brusquement tous les arbres semblaient vivants mais pas vivants dans le bon sens, vivants alors qu'ils ne le devraient pas. On a rien dit, on a pas parlé du tout du tout du tout, on ne se regardait même pas parce que si on s'était parlés, si on s'était même regardés et vu que l’autre avait peur, ce qu'on voyait tous les deux aurait été trop vrai, on aurait eu beaucoup trop peur et il fallait absolument tenir le coup sans paniquer jusqu'à la sortie qui ne venait pas, la traversée de cette forêt a été absolument interminable, sous les yeux des arbres vivants et aux visages tordus.
Ce n'est qu'une fois sortis de cette route qu'on a osé se regarder 
Putain non mais t'as vu ça, qu'est-ce que c'était que ce truc...
S'il y avait eu ça à Hauteville, je me serais barrée en courant, j'aurais lâché mes sacs, mon portable, tout, tout, tout.

Mais c'était complètement tranquille. 
Je n'ai pas eu froid tout de suite (il devait être 23h15). J'ai failli louper le petit escalier parce que je ne me rappelais pas que c'était aussi petit et le portable n'éclairait pas très loin, ça fait peur de ne pas savoir ce qui est devant entre les arbres mais j'ai trouvé facilement la tombe d'Arnaud cette fois. 

J'étais allongée là, sur mon flanc gauche. J'étais tournée vers le pied de sa tombe. Et je pensais à des tas de choses. Et l'atmosphère était très tranquille avec quelque chose de tragique sur la surface de la tombe. Pas de la part d'Arnaud mais de la part des gens qui lui sont proches. La mort d'Arnaud a été une tragédie pour Véronique et sa famille bien sûr mais aussi pour des tas de gens. 
Il y a des tombes abandonnées qui reflètent la tragédie vécue par les vivants. Ce n'est pas parce qu'on ne va jamais sur la tombe de quelqu'un qu'on ne pleure pas sa mort. Ce n'est pas du tout comme ça que ça marche. 
Et il y a des tombes abandonnées qui sont juste bien là où elles sont, toutes seules, toutes sales, toutes vieilles avec de la mousse noircie par la poussière partout. La tombe d'Arnaud est neuve et impeccable mais Arnaud est tranquille là où il est, il est bien, paisible. 

Il ne m'en veut pas du tout de l'avoir comparé à Johnny. Au contraire. C'est une comparaison blague qui tombe à pic. Il adorait être une star. Il adorait passer à la télé. C'était son truc. Il avait ce désir en lui à satisfaire et il l'a fait. Swâmi Prajnanpad lui a dit Yes Arnaud, you can

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Et en plus, je ne l'ai pas comparé à n'importe qui. J'aime vraiment Johnny dans le sens où il m'a et nous a tous apporté quelque chose d'important. Les chansons racontent notre vie intérieure souvent et parfois extérieure aussi. 

Emmanuel voudra faire le mausolée mais sans passer par moi pour mettre Pascal à la direction artistique et tout le monde sera d'accord, je suis bien placée pour reconnaître que Pascal est Mr Art d'Hauteville, déjà parce que c'est un musicien professionnel et aussi parce qu'il est particulièrement entrainé à la présence. Et ce sera une très belle œuvre, techniquement, artistiquement, tout ce qu'il faut. 

Et Emmanuel peut vraiment faire le mausolée sans moi parce que si je donne mon "catalogue" sans le protéger par des licences, c'est à tout le monde et je le fais parce que : 

- il ne me reste plus suffisamment de temps à vivre pour voir le mausolée d'Arnaud fini même si on devait le faire tout de suite (à moins de tenir de mes deux grands-pères, si je tiens de mes grand-mères comme ma mère et mes tantes, si je meurs dans 10 ans, ce sera le bout du bout du bout du monde parce que j'ai fumé pendant plusieurs décennies, depuis l'âge de 14 ans, je ne bois pas mais je mange ce que j'ai envie de manger. J'aime les bonnes choses mais le gastronome qui pousse avec le bout de sa fourchette le bout de saumon estimé "pas noble", je ne sais absolument pas pourquoi, je n'ai aucune objection concrète à formuler mais cela me donne envie de le taper et de me torcher pour parler vulgairement avec son diplôme de gastronome. C'était la colère du jour, une colère irrationnelle mais une vraie colère, je n'aime vraiment pas ça. Mais je m'en fous de ne pas savoir pourquoi je me fâche, c'est pour ça que je m'en fous de la psychologie.

- et c'est plus important pour moi que cela se fasse que de miser sur une hypothétique entreprise d'art funéraire. 

Quand ce sera rentré dans les mœurs, des tas d'entreprises d'art pousseront comme des champignons, comme les entreprises de pompes funèbres depuis la perte du monopole des pompes funèbres générales en je ne sais plus quelle année, années 70 ou 80, peut-être avant, mais pas 60, je ne le crois pas. Et à un moment, une autre histoire se mettra en place dans la profession : on dira que l'idée originale ne vient pas de moi, que je n'ai peut-être même jamais existé. Je le sais d'avance, les pompes funèbres disent aujourd'hui que la famille Roblot ne sont pas les pompes funèbres d'origine, qu'ils existent depuis X temps et ils vous avancent des dates bien inscrites quelque part sur un papier...Donc, mon nom, s'il devait être retenu quelque part sera vite tombé dans les oubliettes. C'est comme ça. Cela fout grave les boules mais le nom retenu pour la construction de Notre Dame n'a très probablement rien à voir avec le ou les concepteurs originaux.
Mais si Notre-Dame a traversé les siècles, c'est aussi parce que les artistes ont travaillé (anonymement pour beaucoup j'ai entendu dire) sur une œuvre plus grande que leur petit moi. 

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Ceci étant dit, même si la reine d'Angleterre devait m'appeler pour faire son mausolée à elle, je lui dirais non, très clairement non parce qu'il n'est pas question pour moi de quitter ma boite actuelle pour un patron qui estime que je n'ai pas besoin d'être bien payée, c'est suffisamment d'honneur de travailler pour sa Majesté la reine. Oui, bien sûr que c'est un immense honneur, ce n'est pas donné à n'importe qui, il faut être très très bon mais à quoi sert la reconnaissance de la reine si on est moins payé que ce qu'on vaut ? Sauf si bien sûr, on s'en sert comme tremplin. Et le mausolée d'Arnaud sera pour moi un tremplin. C'est pour ça qu'on me dit que les courses que j'ai faites pour tout le monde, c'est personnel, ils n'en veulent pas...cela ne veut rien dire, cette histoire de courses, en vérité, cela ne leur rapporte rien de dessiner le monument d'Arnaud, c'est tout. Je le sais bien. 

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Ma mère arrivait à se mettre dans une position et à ne plus bouger de la nuit, le matin on la retrouve dans la même position que le soir. Moi, je bouge dans tous les sens, je ne peux pas rester immobile.
 
A un moment, j'étais dos tourné à la tombe d'Arnaud. Et j'entends avec surprise des bruits de pas derrière moi, vers le côté de sa tombe, des vrais bruits de pas, pas des bruits qu'on doit tendre l'oreille pour entendre, des vrais bruits que n'importe qui à côté de moi pourrait entendre. Surprise désagréable parce que je ne m'attendais pas à une manifestation anormale et paranormale. La nuit dernière, il ne s'était rien passé. 
Je me suis retournée et le sentiment transmis par la tombe, c'était qu'Arnaud n'était pas content que je lui tourne le dos, déjà et que j'oublie à ce point ce que je suis venue faire sur sa tombe. 

Cela m'a remis les idées en place et comme je ne suis pas du tout venue pour me faire peur, je n'ai même pas envie de vivre ça pour être vraiment précise sur mon état d'esprit (on peut penser le contraire parce que je rigole beaucoup et que je fais de choses jugées bizarres, c'est justement ce que je ne veux pas en fait, je ne veux pas avoir peur, je ne veux pas de fantômes, je ne veux rien de bizarre dans ma vie, j'ai déjà assez de mal avec les vivants, je ne veux rien avoir à faire avec les morts). Donc, je me suis remise en place et je n'ai plus bougé. Je suis toujours Marie, la servante du seigneur aux pieds d'Arnaud. 

Bien sûr, techniquement, les Amis ont pu me piéger, me faire une blague. Arnaud et Emmanuel connaissent les techniques de cinéma et de radio. Ils connaissent le microphone, sans compter les amis dans la profession, des bruiteurs peut-être. Ils peuvent me faire entendre ce qu'ils veulent, des bruits de pas, des souffleries d'air venant d'en dessous de la tombe aussi mais je n'ai eu besoin de rien vérifier parce que je n'ai pas parlé à Arnaud à voix haute et dans la nuit, il y aura un élément complètement inexplicable qui, avec tout ce que j'ai vécu comme histoires bizarres dans ma vie me fait dire que oui, bien sûr, il s'agissait bien du fantôme d'Arnaud. 

Je peux me tromper dans la chronologie des événements (surtout concernant la torche allumée ou éteinte) parce que j'ai bien apporté une tablette à l'ashram mais elle a un souci, je n'ai pas pu l'utiliser et je n'ai pas apporté de crayon papier non plus. 
Je sais que la nouvelle équipe n'aime pas, interdit peut-être implicitement la tablette (cela n'existait pas à l'époque d'Arnaud) mais je leur ai imposé la présence de ma tablette comme un outil pour écrire, je sais qu'ils diabolisent toute la technologie moderne et c'est évidemment n'importe quoi. Arnaud n'était pas contre internet, il disait que les emails ne permettent pas de réfléchir mûrement avant d'envoyer les messages, il n'a pas dit ça comme ça mais c'est un peu ce que dit Gilles qui utilise Fb et les textos dans le contexte des groupes qu'il anime, c'est une mauvaise interprétation de la nouvelle équipe, c'est flagrant. Cela se trouve, l'histoire de la Lettre d'Hauteville diffusée par courrier à l'ancienne n'a rien à voir avec les emplois locaux mais vient du refus de la nouvelle équipe d'utiliser l'email parce qu'Arnaud serait contre...

Vers 1h30, j'ai regardé ma batterie et je me suis dit que même si ça va bien, elle sera éteinte avant le lever du jour et il fallait penser à la descente (sans torche, c'est aussi noir que dans les catacombes non autorisées de Paris et là je peux tomber dans le fossé, me recasser une jambe, ce qui serait médicalement dramatique parce qu'elle a déjà été salement fracturée plusieurs fois...), 

plutôt que de risquer d'être à court de lumière et d'y aller à reculons, autant affronter volontairement le noir total en éteignant la torche. 

Je pensais Arnaud satisfait et je m'apprêtais à dormir parce que je tombais de sommeil, je commençais à avoir un peu froid et je n'en pouvais plus, j'en avais plein le dos de cette aventure, j'en avais marre, j'avais hâte de redescendre retrouver mon lit. 
A ce moment, un bruit très clair tout près de moi, à 1 mètre de ma tête me "dit" : 
Je suis chez moi. 
Mais ce n'est pas Je suis chez moi, je fais ce que je veux et je vous emmerde. Et cela n'a RIEN A VOIR avec non plus avec le 
Tu n'es pas chez toi de la nénette qui m'a dit que si je ne respectais pas les règles de l'ashram, je dois m'en aller, si je ne respecte pas les règles, je la dérange, on me rejette, on me demande de partir. Je veux bien respecter tout ce qu'on veut à la condition expresse que ces règles veuillent dire quelque chose. Mais OK, j'ai compris. Emmanuel, Thierry et Eric Edelmann font partie de la fraction : "Arnaud, l'original avec tout ce qui fait lui, l'individu Arnaud Desjardins." parce que cela marche très bien comme ça. Je ne suis pas contre mais Arnaud n'était pas psychorigide comme ils le sont aujourd'hui à s'accrocher aux mots : du temps d'Arnaud, je ne sais même plus si le portable faisait autre chose que le téléphone mais s'il a effectivement dit qu'il fallait éteindre et mettre le portable au fond de la valise -on distribue même des réveils, c'était uniquement pour ne pas être tenté, c'était pas pour interdire jusqu'à l'utilisation de l'appareil nommé télépbone en tant que torche parce que quand on l'utilise en tant que torche, ce n'est plus un téléphone mais une torche, il n'a jamais dit ça à propos du téléphone mais j'ai gardé l'esprit de ce qu'il a dit une fois à propos d'autre chose.

Ce n'est pas du tout Arnaud, ça. Arnaud m'a dit qu'il était chez lui et qu'il y appréciait sa tranquillité, je n'ai normalement pas à dormir là, ce n'est pas un camping mais que j'étais la bienvenue, complètement la bienvenue parce que j'avais quelque chose de sérieux à y faire. J'ai pris ça pas seulement pour moi mais pour tous les visiteurs de la tombe d'Arnaud. Il accueille tout le monde, jour et nuit mais il faut qu'on ait quelque chose à y faire sinon on dérange sa tranquillité. C'est tout. Il n'y a ni colère ni rejet ni hostilité. Il disait qu'il était chez lui, dans son univers et qu'il y était très bien, mieux même sans moi mais sans que je sois un objet de rejet.

En juin, je suis revenue à Hauteville après 15 ans d'absence avec l'intention de donner un cadeau à Hauteville. Je ne savais pas du tout ce que serait ce cadeau mais je voulais faire un vrai très très beau cadeau. Et après l'AG, en juillet, en août aussi en Corse, j'avais la sensation que ce cadeau serait "empoisonné", comme offrir un violon ou une batterie à ses enfants quand on habite en appartement. En termes spirituels, on dirait que je ne suis pas du tout Jésus de Nazareth mais je suis venue apporter non pas la paix mais l'épée. :-) je souris mais c'est en même temps très sérieux.

Pour décider de qui peut travailler sur le chantier, on devrait faire passer à tous les candidats un "entretien d'embauche" sur la tombe d'Arnaud. Une nuit et chacun s'auto-évalue au petit matin. Je pourrai les y accompagner, s'ils le souhaitent mais je ne serai le chef de personne, c'est des grands garçons (et des grandes filles), ils font ce qu'ils veulent et ils assument. Je suis juste là en tant que personne plus expérimentée en cas de problème. Bien entendu, comme je ne veux pas de situation ingérable, il faut que les candidats soient sérieux et plus que sérieux, faire la police, ce n'est pas ma tasse de thé, donc, ceux que je pourrais être amenée à accompagner sur la tombe d'Arnaud devront avoir l'accord de Jean-Paul à qui je dirai mes intentions (il m'a donné son portable comme à tous ceux qui gardent l'ashram) et de toute façon, si je devais refaire l'expérience de jour comme de nuit, étant donné que je ne ferai plus de séjour parce que si Hauteville a été ma voie pendant 20-25 ans, ce n'est plus ma voie, aujourd'hui, c'est Eckhart Tolle, pas de psychologie, pas de lying, le moment présent et rien que le moment présent, je devrai y aller en tant qu'adhérente non séjournante donc avec une autorisation spéciale que je demanderai à Jean-Paul, mon "contact" à Hauteville.
Et je ne donnerai aucun avis à la fin, la personne fera le bilan de sa nuit et s'auto-évaluera. Et moi aussi. Parce que ce n'est pas parce que cela s'est passé comme ça une fois que je peux retourner y faire n'importe quoi. Rien est acquis.

 

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A 1h57, je regarde l'heure et je me dis que je vais descendre parce que j'avais une de ces envies de faire pipi et je sais que si je ne fais pas pipi, je ne pourrai pas dormir de la nuit et cela commençait à devenir inconfortable. Je pisse tout le temps la nuit, parfois plusieurs fois. Une fois avec mon frère, on campait avec les enfants. On était dans une grande tente avec plusieurs chambres. Il pleuvait à verses, c'était le déluge. C'était impossible que j'aille jusqu'aux toilettes, même avec un parapluie, cela n'aurait pas été envisageable. Je n'avais pas d'autre solution que de mettre mon cul et mes jambes dehors, à la porte de la tente, en soulevant mon corps avec mes bras et de pisser directement là. Oui, j'ai fait ça. 
Et quand j'avais 25 ans, en rentrant d'une soirée trop arrosée, j'ai dû, directement à un feu rouge, pisser à côté de la voiture, à la portière ouverte, à un carrefour sur une route nationale. Je ne me suis arrêtée que parce que j'ai vu arriver un camion. Et je n'avais pas encore fini. Le pipi et moi, c'est toute une histoire. 
J'étais un peu surprise de sentir que cela embêtait la tombe que je parte déjà mais j'ai horreur de pisser dans la nature et en plus je n'avais pas prévu de papier parce que je ne pensais pas rester plus longtemps que la nuit d'avant, je voulais aller dormir sur un matelas, dans un lit. 
Et au moment où j'allais me lever pour emballer les affaires, il y a eu un gros bruit de désapprobation sévère. Un vrai non. Cela m'a fait peur parce qu'imaginez-vous dans la forêt à 2h du matin, alors qu'il ne peut y avoir personne dehors, déjà, en plus dans la forêt, sur une tombe, à 10 mn au moins de toute habitation, ces bruits à l'intérieur du carré, donc bien distincts des bruits des animaux autour, chouettes, chats, sangliers et toutes les bêtes que je ne connais pas, ou pire tout près de vous, à moins d'un mètre...

OK. Arnaud. Je reste. Je reste. Je me rallonge. Et je commence à envisager sérieusement d'aller pisser dans la nature sans papier. A Hauteville, c'est possible à faire parce qu'il n'y a à priori pas d'intrus. Se retrouver le cul nu en l'air avec le pantalon qui fait barrage, devant un intrus derrière, est une position trop vulnérable pour une femme, on peut difficilement se permettre de faire ça dans la nature. Et quand j'ai été OK pour le faire, à la tête de la tombe, j'entends clairement un enfant qui trépigne, qui est pas content, je vous jure que c'est vrai, je vous jure que c'est vrai. Et je perçois brusquement la grosse folie d'Arnaud : il est tellement tellement tellement dingo que pour que je ne quitte pas son carré, il voulait que je fasse pipi là, dans son truc ah la vache ah la vache ah la vache
Mais déjà, il s'en fout du pipi caca, cela ne le dérangeait pas de parler de chier et de péter, le pipi n'est pas un polluant et puis en plus c'est un fantôme, il s'en fout. 
Il n'y a pas eu l'ombre d'un doute dans mon esprit quant à ce que je devais faire. 
Sans tarder parce que l'envie était vraiment pressante mais en prenant tout mon temps quand même, je me suis assise bien en face de sa tombe pour qu'il voie bien ce que j'allais faire, j'ai pris ma chaussure gauche, je l'ai enfilée, je l'ai lacée méthodiquement, avec le plus de présence possible pour qu'il mesure bien ce que j'allais faire, j'ai fait pareil avec la droite, puis je me suis levée et tout en regardant vers sa tombe pour lui dire qu'il pouvait faire TOUT CE QU'IL VEUT, faire tomber les arbres, provoquer l'apocalypse même, j'en avais RIEN A CIRER, RIEN A TAPER RIEN A PETER de son fantôme, je me suis dirigée vers la grille que j'ai ouverte puis refermée derrière moi et je suis descendue, j'ai fait la moitié du chemin qui montait vers sa tombe, à une distance à la fois qui ne choquait pas ma sensibilité vis-à-vis de sa tombe et qui me laissait penser que son fantôme ne me voyait pas, j'ai pissé là et j'ai renfilé comme ça ma culotte et mon jean et je suis retournée reprendre ma position devant la tombe. Et cette fois, je n'ai pas enlevé mes chaussures parce que je commençais à avoir sérieusement froid partout et aux pieds en particulier. Non mais, ça va vraiment pas la tête, c'est un gros malade, Arnaud en vérité :-)  :-) :-) :-) :-) :-)

Dans mon village quand j'étais petite au Vietnam, on entendait parler d'une bonne femme, une marchande ambulante (portant deux paniers, un devant un derrière, suspendus à un bâton qu'on met sur l'épaule). Elle empruntait tous les matins un chemin qui traversait le cimetière bouddhiste pour aller directement au marché au lieu de faire le grand tour. Il paraît que des fantômes se mettaient régulièrement sur son passage pour l'empêcher de passer. Elle disait qu'ils étaient sur le dos avec les jambes écartées. J'imagine qu'elle devait avoir peur mais cela ne l'empêchait pas de poser ses paniers et avec son bâton, de taper sur les fantômes pour les dégager et passer quand même. Je réalise que j'ai un peu fait ça avec le fantôme d'Arnaud cette nuit...:-) :-) :-) :-) :-) :-) :-)

Bien sûr que c'est le fantôme d'Arnaud. Je ne me suis pas joué une scène pareille toute seule avec mon imagination, il faut arrêter de délirer. 
J'ai laissé la torche allumée après ça parce que je ne me sentais plus trop de dormir dans le noir là. Mais je me sentais légère et prête à affronter le reste de la nuit dans le froid et l'inconfort. 

 

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Je me suis bien marrée quand même sur la tombe d'Arnaud. 
Ce n'est pas mon 1er contact avec son fantôme. Il y a longtemps longtemps, quelques temps après sa mort, je descendais un petit chemin dans le parc de la mairie de la ville, j'ai senti qu'Arnaud vivait à travers moi pendant une bonne trentaine de secondes. J'étais toujours moi, je contrôlais et mon corps et mon esprit totalement, complètement, comme d'habitude mais c'était Arnaud qui prenait possession de mon corps et descendait le chemin joyeusement en riant doucement. C'était une espèce de possession mais non étrangère et non contraignante, je reste moi mais je lui prête mon corps le temps qu'il veut tout en restant moi. Et c'est arrivé comme ça, je ne pensais ni à lui ni à me faire posséder par qui que ce soit, même pas Arnaud :-) :-) :-) je sais même plus à quoi je pensais en descendant ce chemin. St Thomas, je crois, disait que Jésus vivait en lui. Cela devait être quelque chose comme ça.
 

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L'invisible, le monde et les créatures invisibles se manifestent dans notre monde en animant la matière physiquement et émotionnellement.

Quand je suis arrivée dans le carré avec la torche, avant de dérouler mon plaid, je cherchais un endroit où poser mon portable pour à la fois ne pas être éblouie et voir les endroits où les choses me font peur, comme la tombe. J'ai essayé le banc, j'ai essayé le mur derrière le banc. Je ne suis pas allée loin du banc parce que c'est une toute petite torche, et je n'ai pas inspecté le carré à cause du noir partout autour, j'avais les chocottes, je voulais juste, comme un chat, sécuriser mon coin, le coin que je squattais dans la maison funéraire d'Arnaud Desjardins. Mais rien ne me satisfaisait. Alors, je suis allée poser mon portable-torche sur le pied de sa tombe pour voir et comme cela ne donnait rien non plus, je l'ai posé par terre, sur l'herbe, à côté de l'endroit où je comptais poser le plaid. 

Donc, après cette histoire de pipi, comme je flippais, j'ai décidé de laisser la torche allumée par terre juste pour ne pas être complètement dans le noir au cas où quelque chose de plus concret se produirait. 
Je n'ai pas vraiment inspecté la position de la torche mais son faisceau était orienté d'une manière qui projetait l'ombre de mon corps allongé sur l'arbre directement devant moi, au- dessus de moi à la gauche et côté pieds de la tombe d'Arnaud, donc, quand je tourne la tête à droite de ma position devant la tombe. Cela faisait une grosse, une énorme ombre noire au- dessus de moi qui bougeait quand je bougeais bien sûr mais avec une très manifeste autonomie par rapport à moi et une intention très claire de m'empêcher de sortir du carré. Il fallait que je reste là, allongée comme ça. 

Il y a quelques années, un soir chez un gars avec qui j'avais l'habitude de discuter politique et que j'ai rencontré devant Auchan en faisant mes courses, il était assis sur son canapé à ma droite et on se parlait. Et brusquement son visage, qui restait exactement le même visage, contenait en lui le visage d'un autre, pas le visage du diable comme on peut se l'imaginer mais le visage d'un autre homme, sous lequel j'ai vu et très clairement vu le diable en personne, le vrai, venu me dire très sérieusement : Alors, comme ça, vous cherchez mon antre ? (ou tu cherches, peut-être on cherche, on ne sait pas et on s'en fout, cela n'a pas été un fait marquant de cet échange de regard à regard que j'ai eu avec le diable, le vrai diable, celui de la bible, chez Kader). 
Cela ne m'a pas fait peur dans le sens où on peut s'imaginer en train de paniquer devant le diable. J'étais comme au pied du mur parce que quand j'ai imaginé la sépulture que j'ai appelée L'antre du diable, je me disais que cette entreprise d'art funéraire n'aurait de raison d'être que si les noms des caveaux ne sont pas des étiquettes, des noms de meubles Ikéa, une sépulture appelée Le paradis, une autre L'enfer :-) :-) :-) et je ne cherche pas du tout l'enfer, j'aspire au bien-être psychologique et physique, je veux même le paradis, 
Knocking On Heaven's Door. Donc, L'antre du diable, (en tant que sépulture dans, non pas mon catalogue mais dans ma liste des prototypes de mon art funéraire) comme tous mes autres prototypes, sera authentique ou ne sera pas. Donc oui, dans ma réflexion sur mon projet d'entreprise, j'ai authentiquement pensé à chercher l'antre du diable, la vraie, destinée à un milliardaire excentrique qui croirait comme moi que le diable, l'ange déchu par orgueil aimait Jésus et ne le "tentait" lui soufflant de se révolter contre le père qui le laissait mourir et mourir torturé comme ça que parce qu'il l'aimait, pas pour l'envoyer en enfer. Quel serait le message, le symbole de la mort de Jésus si ce n'est accepter de mourir pour perpétuer l'espèce ? 

Je ne dis surtout pas que le diable est bon ou ne représente aucun danger pour personne parce que je n'en sais rien et en définitive, personne ou très très très peu de gens savent ce que c'est que le diable en vrai, en dehors de notre propension à projeter tout ce que nous n'aimons pas de nous-mêmes sur les autres, un autre, une autre, Eve, celle qui peut assumer, celui qui est là pour ça, et le diable est l'archétype psychologique absolu du mal.

On ne peut pas, surtout quand on est ados ou jeunes adultes, ne pas être attirés par les séances de spiritisme, faire tourner le verre et tout ça mais je le déconseille absolument parce qu'en cas de souci, personne ne pourra rien faire pour vous, c'est complètement inconnu. 
C'est à cause de ça qu'on s'est brouillés mon grand-frère et moi. On faisait une séance de spiritisme et je disais que c'est notre cerveau qui fait bouger le verre. Lui, de formation scientifique, croit que c'est paranormal et ne supportait pas l'idée que je puisse ne pas croire aux fantômes. Les croyants sont archi intolérants, je trouve...On s'est vraiment embrouillés mais embrouillés de ouf, avec des hurlements devant les gosses et le week-end tous ensemble chez lui à la campagne s'est soldé par mon départ anticipé avec ma fille. Oui oui, à ce point-là, c'est incroyable jusqu'où cela peut aller...

Et donc, parce que je ne sais absolument pas qui est le diable, le vrai diable, je me protège. Pas avec des grigris mais avec une clause, une condition à notre "relation" que je mets entre guillemets parce qu'il s'agit juste bien sûr d'une relation mentale, je cherche ou ai voulu cherché son antre dans le cadre, on peut dire, de la préparation du business-plan de mon projet de boite.
Mais en même temps, je pense à tout ça comme un loisir, quelque chose que je fais naturellement tout le temps, il n'y a pas forcément tout le temps (c'est même rare) un objectif professionnel donc je n'y crois pas. Et puis je suis vachement bien là où je suis et fait notable : je n'ai pas envie de changer de vie. J'aime ma vie telle qu'elle est. Et je ne me vois pas changer. En tous cas, pas avant longtemps. 

Et la clause est très simple : dans notre relation, même si poussée par mes pensées et mes émotions, je devais dire oui à une des volontés du diable, si Jésus n'est pas d'accord, tout le "contrat" est caduque. Je mets le mot contrat entre guillemets parce que le diable ne s'est jamais manifesté pour me proposer gloire et beauté.
Le seul doute, la seule question, la seule inconnue de mon histoire avec le diable, c'est Est-ce que Jésus sera d'accord pour cadrer le "contrat", est-ce que Jésus sera au RDV ? Jésus ne m'obéit pas du tout, je ne le contrôle pas, il n'est même jamais là quand j'ai besoin de lui, du coup, je ne le prie jamais, j'ai refusé depuis l'âge de 14 ans d'aller à la messe et ce n'est pas parce que son fantôme ou on peut aussi dire quelque chose comme son énergie quantique m'a rendu visite après que j'ai poncé la tombe des parents qu'il vient quand je lui demande de venir. Je n'ai donc pas pu le consulter pour le diable. 
En plus, Jésus plie devant le père et rien ne me dit, tout me dit même que dieu pourrait tout à fait me sacrifier, il n'a pas hésité à sacrifier son fils, qui suis-je à côté moi, s'il trouve que ma mort sert une cause supérieure, une cause que je ne pourrais même pas comprendre parce que "les voies de dieu sont impénétrables" ! Donc, même si Jésus répond présent, ma confiance en lui ne sera pas absolue. C'est pour ça que j'ai eu peur pour Océan quand elle était petite, au point d'aller jusqu'en Espagne demander la protection d'Allah contre une éventuelle volonté du Père. :-)
Mais depuis cette nuit chez Arnaud, je n'ai plus aussi peur du diable parce qu'Arnaud lui-même s'est associé au diable en personne pour me montrer (entre autres choses) l'immensité dans tout ce qu'il y a de plus profond du mot et aussi concrètement dans l'immensité du monde invisible, de dieu, du diable, des anges et de la mort aussi parce que c'est le même monde. Immensité et profondeur. C'est ce qui m'a été montré. Et c'est absolument, absolument magnifique pour toutes les couches de l'humain de voir ce qui nous attend après la mort : un monde dépassant tout l'entendement, beaucoup plus, infiniment plus magnifique et effrayant encore, je l'imagine que l'immensité de l'océan atlantique à traverser en bateau pour les explorateurs du 15ème siècle. 

Donc, chez Kader, comme le diable est un ange et que les anges ne sont pas de petits êtres blancs tous fragiles avec des ailes, comme l'ange est en vérité une créature oh combien imposante à tous points de vue, "physiquement", spirituellement, un seigneur, un Seigneur même si je voulais prendre la peine de mettre des formes et être plus exacte dans mon écriture, j'ai senti tout naturel de saluer mentalement le diable en lui disant mentalement : Bonjour Seigneur. Et je précise que je ne suis pas adoratrice du diable. Je crois que si on veut éviter que l'événement paranormal qui nous arrive prenne des ampleurs ingérables, si on reconnaît le diable, il faut voir qu'il est un être supérieur dans l'échelle cosmique. Le diable appartient à une dimension carrément et de très loin supérieure à ce que nous, les humains, on connaît. Et je ne sais pas si cela marche comme ça avec tout le monde mais en tous cas, avec moi, c'est parce que je lui reconnais sa juste place dans l'univers qu'il ne m'a jamais rien fait de mal, ni physiquement ni psychologiquement ni d'aucune manière et il s'en fout aussi et plus que complètement de mon âme, il a un autre objectif ou plutôt deux (il en a certainement plein d'autres mais pour le moment, je ne connais que ceux-là) : 

- Il veut que je l'explique au monde. Je ne connais pas ses raisons, je suppose que c'est parce qu'il en a marre que les humains le désignent comme coupable de leurs actes à eux.
- Et il veut aussi que je le reconnaisse comme au moins aussi grand que dieu. 

Du coup, finalement, je "tiens" le Seigneur des enfers dans notre contrat par là où il pèche étant donné que je saurais moi si dieu, le vrai, aurait fait ce que le diable voudrait me faire (au cas où il voudrait me faire quelque chose). Et étant donné que je ne suis pas censée comprendre les voies impénétrables de Dieu, une dernière clause précise que même ma parole la plus engagée envers le diable est une parole d'ivrogne. :-)

J'ai vraiment gagné aux échecs chinois contre des hommes adultes de mon village au Vietnam et ils ne jouaient pas avec moi pour m'occuper, faire du baby-sitting, comme Cédric peut jouer avec Naomi pourtant déjà très très "éveillée" pour son âge (je mets le mot entre guillemets parce qu'elle a 9 ans, elle est plus "qu'éveillée" :-) mais je ne trouve pas d'autre mot). Ils venaient chez mes parents se mesurer à la petite fille qui pouvait les battre s'ils ne faisaient pas très attention. 

Etant donné que je ne vais pas à Hauteville en 2020 comme prévu initialement, s'il n'y a pas d'imprévu, j'irai voir Cédric sur scène, à Portes-les-Valences en février (ou mars (?)). Si Océan n'est pas là, j'irai seule et si elle est là, il y a 99% de chance qu'elle vienne, je lui laisse 1% parce que je respecte toujours son non, je peux insister mais même si cela doit m'embêter, il n'y a absolument aucun souci. Mais je sais que si elle est là, elle viendra parce qu'elle aime bien ce côté considéré par toute ma famille comme fantasque ou en tous cas pas très normal en moi qui fait que je m'en fous de prendre la voiture, de faire 600 kms, 1200 bornes aller-retour pour faire je ne sais pas quoi, je ne sais pas où, aller voir un humoriste que personne ne connaît. Je suis partie comme ça en Angleterre, dans une région dans le nord de Londres voir un concert, j'ai dormi dans un Bed and Breakfast et je suis rentrée le lendemain.

Des Amis pourraient croire que j'en pince pour Emmanuel au point de venir exprès de Paris pour voir son spectacle il y a 15 ans mais ils sont complètement à côté de la plaque. A l'époque où j'allais un week-end par mois à Hauteville, je n'y allais pas toujours en TGV, parfois j'y allais en voiture, je partais le vendredi soir, j'arrivais le matin, je suis même déjà arrivée dans la nuit et Emmanuel m'a fait dormir dans le salon de son appartement, avec un musicien de sa troupe dans la 2ème chambre, il est aussi descendu chez moi à Paris quand il était de passage pour faire réparer son ordinateur portable, c'est ce soir-là chez moi, sans la petite que j'avais fait garder parce que je-n'en-pouvais-plus des enfants, qu'il a vu que j'avais encore dans les vieux trucs hi-fi des K7 dont des K7 karaoké, il a voulu que je chante et pour m'encourager (parce que c'était évidemment une vraie catastrophe), au séjour suivant, il m'a demandé de la chanter à l'Orangerie. C'est avec cette chanson, La plus belle pour aller danser, que j'ai fait mes tous débuts sur une scène (je ne me rappelle plus si les restos karaoké où j'ai pu chanter, c'était avant ou après l'Orangerie).

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Le diable est-il un pervers narcissique ? 
Le diable n'est pas venu me dénigrer, me dire ou même sous-entendre que je suis une merde. 

La raison pour laquelle il est venu en animant l'ombre qui était dans l'arbre (j'ai regardé l'heure, il était autour de 3h du matin) et quand j'ai reposé la torche, comme l'angle n'était plus le même, l'ombre avait complètement disparu et il y a un autre gros MAIS : je n'ai pas examiné le truc mais je me suis quand même demandé comment la torche a pu projeter l'ombre de mon corps allongé par terre comme si la torche éclairait mon corps de par en-dessous le sol, sous moi. HA !, la phrase que j'ai "captée" du diable, c'est : L'antre du diable, c'est vrai.
Yes, you can m'a dit en quelque sorte le diable. Et c'est tout ce qu'on veut sauf du dénigrement, je crois qu'il n'y a pas besoin de commentaire. Donc, chut. 

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Je ne sais à quelle heure exactement, juste après le pipi, j'entends un animal à l'entrée du carré. Je pensais au chat de l'ashram qui miaule bizarrement mais ce miaulement était un peu plus bizarre que le miaulement du chat de l'ashram. Je me suis dit que c'était pas un chat mais un autre animal que je ne connais pas. Je continue donc à somnoler. Mais il insiste. Cela me faisait penser à ma 1ère petite chatte, celle que mon frère m'a imposée ignorant mes protestations et mon affirmation que j'avais bien trop peur des chats et des chiens, surtout des chats pour envisager d'en prendre un à la maison. Je n'ai pas été bien du tout avec ma petite chatte noire, je la laissais dehors parce que je n'osais pas la laisser entrer à la maison. J'en avais trop peur. Pas parce qu'elle était noire, je la trouvais magnifique mais elle était pour moi aussi dangereuse avec ses griffes qu'une panthère. Les choses se sont arrangées depuis à la fois avec les chats et aussi avec l'esprit de cette chatte en particulier (si si les animaux aussi ont un fantôme). 
Donc, là, je me lève pour ouvrir au chat qui miaulait à l'extérieur (et qui aurait pu sauter par- dessus la petite porte). Je n'osais pas sortir du carré, j'ai juste allumé ma torche : aucun animal à l'entrée, aucun animal à 1ère vue non plus dans les arbres à côté, je retourne me coucher et en me retournant, je pense à...Simetière !!!!!!!!! Là, j'ai vraiment flippé. Vraiment vraiment vraiment. C'était bien bien pire que le diable dans l'arbre parce que l'histoire dans Simetière est démoniaque. Le chat et les gens qui ressuscitaient après avoir été enterrés dans ce cimetière revenaient possédés par des démons en quelque sorte puisqu'ils tuaient des gens ensuite pour les transformer en une espèce de zombies comme eux. Les films de zombies ne me font pas du tout peur. Mais les démons, je n'en ai jamais rencontrés dans mon aventure intérieure mais je n'aime pas ça du tout, ça me fait plus que peur, je ne sais pas du tout si je serais capable de gérer ça. 
Donc, en revenant à ma place devant la tombe d'Arnaud, je me disais que j'espérais que cette peur immonde qui monte en moi va vite passer parce que je ne me voyais même pas redescendre dans cet état de terreur. 

Quand j'étais plus jeune, j'étais en formation avec un collègue dans un genre Relais Château. Le soir, on dîne ensemble et après le dîner, on va chacun dans sa chambre. Et ce soir-là, je n'arrivais pas à rester seule dans ma chambre parce que je pensais à la tête de la fille dans L'exorciste. Je la voyais partout, je ne pouvais pas aller dans la salle de bains. Et je ne pouvais pas regarder la télé non plus à cause de Poltergeist. Je n'arrivais pas à rester dans le lit parce que j'avais peur que quelque chose sorte d'en-dessous le lit. Il n'y avait nulle part dans la chambre où je pouvais me tenir sans ressentir cette peur atroce et intenable. 
Je me décide à aller frapper à la porte de mon collègue pour lui demander de bien vouloir me laisser dormir dans le petit lit (il y avait deux petits lits par chambre). C'était une demande extrêmement inhabituelle. J'avais peur qu'il s'imagine des choses qui n'existent pas mais heureusement que je suis tombée sur un mec qui ne m'a pas soupçonnée de vouloir je ne sais pas quoi, probablement du cul...Didier n'est pas le seul à se raconter des histoires qui n'existent pas sur moi. Les hommes sont, oui, "comme ça".

Quand ma fille a quitté son copain, elle est rentrée à la maison avec ses deux chats qu'elle m'a imposés - mais cette fois, j'étais prête. 
En novembre l'année dernière, le petit est tombé malade. Il avait une infection urinaire. C'était la nuit. On a dû appeler le vétérinaire de garde qui lui a posé une sonde. On l'a enfermé dans la salle de bains toute la nuit et toute la nuit, l'autre chat, une femelle qui ne l'a jamais supporté est restée derrière la porte comme si elle savait qu'il était mal et en était affectée. 
Le lendemain, Océane partait au Danemark, j'ai dû me débrouiller seule pour le mettre dans le panier pour le faire hospitaliser, moi qui sortais d'une peur bleue des chats, j'ai dû cette semaine-là lui donner des médicaments !!!! Ca a l'air hyper facile avec le véto mais c'est tout ce qu'on veut sauf facile. Mais à cause de la sonde, il est devenu incontinent. Je ne voulais pas l'euthanasier parce qu'il est malade. Mais on ne peut pas garder un chat incontinent sauf si on a un jardin avec une niche. J'étais très mal. Mais le vétérinaire nous a proposé une solution, il voulait nous apprendre à vider sa vessie, il suffisait de le faire matin et soir. Cette semaine-là, il y a eu beaucoup d'aller-retours chez le vétérinaire parce qu'il n'était pas bien même après l'hospitalisation. Et avant que le véto puisse nous montrer comment il fallait faire, le petit était mal, il ne mangeait pas, lui qui, suite à un mauvais sevrage, mangeait tout et n'importe quoi, mendiait immanquablement quand je passais à table. Je lui donnais à chaque repas un bout de tout ce que je mangeais. Je pensais que c'était à cause de ça qu'il est mort et peut-être que ce n'est pas pour rien dans son infection urinaire mais il est mort d'une malformation au cœur. Ce jour-là, après avoir téléphoné au vétérinaire, je l'ai facilement mis dans le panier, je suis partie à pied chez le véto, je lui ai dit sobrement adieu et il est mort dans la nuit avant le retour d'Océan. Mon seul regret, c'est de l'avoir refusé dans mon lit parce qu'il était incontinent quand le dernier soir, il est venu chercher un peu de chaleur dans mon lit (son problème au cœur ne lui permettait plus de réguler sa température, il avait froid).
Sa mort m'a fait un vrai choc. La chatte aussi est venu rôder autour du panier contenant son corps dedans.
Mais on lui a fait un bel enterrement et son fantôme est venu il n'y a pas longtemps. Je dormais sur le canapé. Et je suis réveillée par un chat qui court, qui saute sur le canapé et qui saute sur le bord de la fenêtre. Je vois clairement un chat gris foncé-noir comme le petit et le double-rideau formait une bosse, la forme du chat assis sur la fenêtre. Mais je me suis dit que c'était la chatte. Si elle tombe, Océane va me tuer. Je m'approche doucement de la fenêtre, j'écarte le rideau, pas de chat, je regarde en bas me disant putain la chatte s'est tuée, pas de chat. J'entends un miaulement derrière moi, je vois Mademoiselle Quenelle tranquillement assise au milieu du salon. 
Oui, le fantôme du petit est venu me rendre visite. :-)
Et ma 1ère chatte aussi est venue, celle que je n'ai pas voulu laisser entrer à la maison parce que je la prenais pour une dangereuse panthère. Un jour assise dans la baignoire sous la douche, je faisais courir ma main sur ma tête et à un moment, ce n'était plus moi qui touchais ma tête mais la patte d'un chat, de ma chatte qui me caressait la tête pour me dire qu'il n'y avait pas de problème entre nous, qu'elle comprenait ce qui s'est passé. Je vous jure que c'est vrai. 

******

03h30. Je me sentais lasse devant les images pourtant grandioses qu'Arnaud me montrait, des images comme projetées sur un écran géant déroulé dans le ciel dans ou derrière les arbres à la gauche de sa tombe. Je disais à Arnaud : C'est bien beau de me montrer tout ça mais à quoi cela va me servir ? Qu'est-ce que je dois faire de toutes ces idées ? Je sais bien que cela correspond complètement à ce que je veux profondément, des travaux pharaoniques dans la vallée des rois supervisés par le pharaon Toutankhamon venu en personne, oui le pharaon, le vrai était là dans l'arbre où était le diable mais pas exactement à la même place, pour me dire qu'il est d'accord, il cautionne même et il est complètement OK pour que je vise encore plus haut que l'Egypte antique, il supervisera lui-même les travaux. 
Des sépultures en forme de poupées russes posées sur des étagères à flanc de montagnes en Ardèche. Les images disparaissaient et ré apparaissaient, on a l'impression que c'est les mêmes mais en observant bien, les détails changent. Les statues sont non pas en pierre ou en bois mais en bronze. Oui il faudra connaître les caractéristiques artistiques des bronzes Lee Lozowick pour les faire faire si d'aventure la mort de Mr Lee est réelle et non pas une blague qui m'est destinée à moi personnellement pour des raisons qu'un certain nombre de personnes connaissent. Oui, je crois Mr Lee capable de simuler sa propre mort sur internet.
Ces images n'étaient pas que des images, il y avait un vrai sentiment dedans. Et c'était profondément et précisément ce que je veux : construire une civilisation funéraire. Rien que ça. Je me vois mal mettre ça sur mon CV mais c'est mon vrai hobby. Et je ne suis pas du tout Néfertari mais il parait que tout ça est "vrai". Allez donc savoir ce que cela peut vouloir dire.

Mais j'en avais vraiment plein le cul et je ne vois pas l'intérêt de tout ça. J'assiste à un magnifique spectacle oui. Quand je soulevais un peu ma tête, je voyais le carré d'Arnaud avec lui et moi dedans comme si on était tout en haut d'une montagne en Ardèche, il y avait du brouillard mais on voyait en bas et l'autre flanc avec les routes qui font le tour de la montagne. On voyait plusieurs "couches" de routes, au milieu et en haut de la montagne. La statue la plus haute fait deux couches de routes. Le mort est allongé dans le pied de la statue et la statue la plus haute abrite le chef de la famille ou du clan. Ce n'est pas forcément le père mais une figure reconnue de la famille. Les autres statues abritent les membres du clan ou de la famille selon leur ordre de naissance et non pas l'âge auquel ils sont morts. Le dernier de la famille aura donc la statue la plus petite (mais vu la taille de la plus grande, ce sera quand même une statue géante) même s'il devait mourir à l'âge de 90 ans.
C'est une façon de se faire enterrer qui correspond aux protocoles des familles royales et princières. 
Mais c'est en Ardèche. Donc, je ne sais pas du tout qui pourrait être intéressé...:-)

Et puis surtout, je ne me vois pas, moi, aller convaincre je ne sais pas qui, de faire de pareils travaux. Donc, tout ça, c'est bien joli, Arnaud, vous êtes vraiment très très gentil mais je ne vois pas à quoi cela me sert de voir tout ça. 

Donc, aux alentours de 03h30, je me dis que j'allais dormir. Mais les images étaient encore là et regardez ce que je vois là ! Non mais qui c'est que je vois là sur l'écran ? Vous ne devinerez jamais qui...
Prince George ! :-) :-) :-)
Non mais que fait encore Prince George dans mon histoire ? :-) :-) :-) :-) Il est trop mignon, assis dans sa petite vraie voiture jouet de prince, il me fait coucou mais pour dire 
Ne m'oublies pas, ne m'oublies pas.

Je sais que j'abuse. Je ne sais pas qui, les tombes de Soisy, la lune, l'univers entier peut-être m'a montré des images extraordinaires la nuit où je me suis baladée dans le cimetière de Soisy et je suis partie en plein film, je suis rentrée dormir parce que le film ne montrait plus rien de nouveau depuis 20 bonnes minutes et même si j'avais de plus en plus de détails, j'étais fatiguée et surtout je ne voyais pas trop à quoi cela pourra m'être utile.
Je n'y crois jamais mais la vraie famille royale britannique est au courant que je voulais faire le mausolée de la reine, une vraie cité mortuaire avec à la fois quelque chose d'ancien et d'ultra moderne avec piste d'atterrissage pour jet privé parce que je les ai suffisamment fait chier sur Fb avec ça et surtout aussi parce que Kate Middleton et surtout le Prince William n'a pas pu ne pas trouver au message que j'ai adressé sur une des pages royales à l'intention de Prince George tout petit enfant un écho à l'aspiration héritée de ses ancêtres de connaître et résoudre les plus grands mystères de l'humanité (la famille royale actuelle remonte, je crois à plus loin que la reine Victoria, c'est-à-dire à l'époque de la découverte de la planète par bateaux et la Grande-Bretagne, avec l'Espagne juste derrière était la plus grande puissance maritime du monde avec des terres découvertes un peu partout sur la planète. 
La grande aventure de la découverte du monde par la mer n'impliquait pas que des rois et des reines mais de tout le monde, même si la télé n'existait pas, les gens ont toujours communiqué, les informations allaient moins vite mais les gens étaient au courant de tout ce qui se passait dans le pays et à la cour du roi. La grande aventure fait partie de l'histoire des Britanniques et de leur mémoire collective. Tout cela pour dire que mon message qui disait à Prince George qui, doit aujourd'hui savoir plus ou moins que son arrière-grand-père va bientôt mourir (le prince Philip à bientôt 100 ans, aux dernières nouvelles, n'est pas malade mais il peut aussi s'éteindre de vieillesse, la mécanique arrive en bout de vie et s'arrête naturellement sans maladie) doit aussi savoir par ses parents qu'on ne sait pas où ira le prince Philip et personne au monde, même pas Daddy ne le sait. Mon message pose simplement l'énigme au futur futur roi d'Angleterre et une énigme à la hauteur de sa future mission de roi. Et concrètement, je crois, oui que Kate Middleton et le prince William ont gardé mon petit message pour le prince George, je le crois même si je ne le croirai jamais complètement.

Mais cela n'explique pas pourquoi Prince George se retrouve comme ça tout le temps dans mes histoires surtout quand je ne m'y attends pas...
Prince George ! :-) :-) Je souriais toute seule. 

Donc, à Soisy, j'ai planté là l'univers qui me montrait les sépultures des princes d'Angleterre et plus particulièrement celle du prince Philip et je me suis réellement cassée, je suis rentrée dormir. 
Et là, au pied de la tombe d'Arnaud, je me suis dit que j'abuse. Ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de dormir dans sa maison funéraire, ce n'est pas non plus tous les jours que son fantôme se manifeste, c'est encore moins tous les jours qu'il montre des images aussi extraordinaires, je ne peux pas faire comme à Soisy, le planter là et roupiller. 
J'avais encore très très peur du diable qui n'était plus dans l'arbre parce que la torche n'était plus au même endroit mais il était encore là sur le mur vers mes pieds, toujours avec mon ombre, dans mon ombre (sur l'arbre, l'ombre bougeait avec les mouvements de mon corps mais quand je ne bougeais pas, des éléments dans l'ombre étaient en mouvement) et cela formait une tête avec des cornes, la corne gauche était l'ombre du pétard que je tenais dans les doigts de ma main gauche. 

Oui, j'ai fumé le pétard sur la tombe d'Arnaud. Il ne s'agissait pas et il ne devra jamais s'agir d'y faire des "soirées pétard" mais j'y suis allée pour passer une soirée et une nuit comme je pourrais le faire à la maison mais sachant que je suis chez Arnaud et franchement, il n'en a rien eu à faire, il s'en est complètement foutu de mon joint, du moment que je ne laisse rien trainer derrière moi.
Mais aujourd'hui, il n'y a plus de coin fumeurs à Hauteville. Avant, ce n'était pas interdit de fumer dans le parking ou sur le chemin qui va du parking à la rue, aujourd'hui, il faut aller jusque dans la rue, la traverser et aller de l'autre côté, là où l'association a acheté un terrain. Je ne sais pas ce qu'ils comptent en faire, certainement pas un autre bâtiment...Bref, ils ont diabolisé la clope parce qu'Arnaud a dit qu'il a constaté que les gens qui restaient sur le chemin arrêtent de fumer à un moment. On dirait qu'il y a parmi les Amis d'Hauteville comme une déconsidération des gens qui fument et surtout une volonté d'exclure tout ce qui ne correspond pas au "bon chemin". Je les dérange. Ils disent que je ne respecte pas les règles et bien entendu ils parlent du joint parce qu'à part l'utilisation de la torche, j'ai respecté toutes les règles. Moi, j'affirme que que l'on fume ou pas, on sait qu'on avance sur le chemin quand l'intolérance (au bruit, aux gens mais aussi aux idées et opinions différentes et inverses) diminue. Donc, ceux que j'insupporte ne sont peut-être pas aussi avancés qu'ils le croient sur le chemin...

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On croit comme ça que je suis cool dans ma relation avec le monde invisible parce que je ris beaucoup, je ris même de tout et je prends (heureusement pour moi) ce qui m'arrive avec légèreté, en tous cas, j'essaie. On n'imagine pas le vrai choc de rencontrer aussi concrètement le vrai diable au-détours d'une réflexion sur le business plan d'un de ses projets d'entreprise. J'ai eu un vrai gros choc chez Kader ce soir-là. Le diable est venu, je crois, satisfaire ma curiosité.

Il ne s'agit pas, comme je l'ai cru et rêvé pendant un moment, de partir dans les coins les plus reculés et les plus fantastiques de la planète à la recherche de la maison du diable avec le prince Harry :-) :-) :-) Je pensais au prince Harry parce qu'il va partout sur la planète avec des handicapés de guerre (il me faut au moins ça, je ne suis pas handicapée mais je ne suis pas du tout du tout physique). 

Avant de se lancer à la recherche d'un endroit localisable géographiquement, il faut se poser des questions sur ce que pourrait être l'antre du diable, est-ce un endroit unique sur terre ou peut-il en exister plusieurs, quelle en sont les caractéristiques, à quoi la reconnaît-on ? Et puis surtout, le diable peut être partout à commencer par ici, là où on est, pas dans son appart :-) mais en soi, oui, l'aspect du diable le plus concrètement abordable par l'esprit humain, c'est le diable psychologique, ce que l'on diabolise en dehors de soi mais aussi en soi, le grand inconscient de Freud, tout ce qu'on n'aime pas, tout ce qu'on diabolise. 
C'est une recherche que chacun peut faire, que je peux faire, il se trouve que je commence à maîtriser l'introspection. Il n'y a pas besoin de méditer particulièrement. Il suffit de cultiver l'intention dans la vie quotidienne, dans la vie métro boulot dodo de voir, de remarquer ce que je diabolise intérieurement et extérieurement. Quand ce travail sera fait, je connaîtrai un des aspects du diable, du "corps" du diable, donc de son antre puisque l'antre n'est que le prolongement du corps qui selon des paroles chrétiennes est à honorer comme la "maison de dieu". 

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Entre le pipi et le diable et les images dans les arbres, il y a eu toutes sortes de bruits complètement inexplicables dans le carré. Je ne crois pas qu'Arnaud ait pété dans sa tombe mais il y a eu un énorme souffle d'air, j'ai pensé au mot gaz même si ce n'était pas un pet, d'en dessous de la tombe. 
Les nouveaux corps dégagent du gaz et dans les pays chauds, avec la chaleur, cela forme des feux follets, peu connus voire complètement inconnus dans nos régions occidentales. Mais le corps d'Arnaud est là depuis 9 ans, je crois, il n'y a plus aucun gaz, il ne reste plus dans la tombe, donc à 2.50-3m sous le monument qu'un squelette habillé. Je ne sais pas pourquoi ces bruits, peut-être qu'Arnaud tenait à me rappeler où j'étais. 

Donc, vers 03h40, je me suis dit que j'allais laisser la torche ouverte, pas parce que j'avais peur (j'avais toujours peur mais ce n'est pas pour ça que j'ai laissé la torche allumée), mais parce que je sentais qu'Arnaud voulait absolument que je la garde allumée pour regarder, pour voir ce qu'il voulait me montrer. 
Mais je sentais que mon corps n'obéissait plus et puis je pensais à mes problèmes plus actuels. Il ne faut pas croire que je n'ai pas de souci, je n'ai trouvé le now d'Eckhart Tolle que quelques fois dans ma vie, je n'y suis pas du tout établie. Donc, j'ai toujours des préoccupations en tous genres. C'est vrai que quand on voit clairement ce qu'il y a à faire, on n'hésite plus, on pose l'acte et c'est fini. Mais parfois, on peut voir ce qu'il y a à faire et trouver l'acte difficile à poser. En réfléchissant à ce problème, j'ai vu, j'ai expérimenté quelques fois que l'acte à poser est très simple quand on fait comme si la vie était une immense scène sur laquelle on joue une pièce de théâtre écrite par dieu. Arnaud en parle dans un de ses livres, je ne sais plus si ce n'est pas La voie du cœur où il y a tout un chapitre sur le jeu d'acteur sur scène et dans la vie. C'est hyper intéressant, cela peut éviter beaucoup de stress surtout aux personnes qui ont des postes à responsabilités - mais aussi à toutes les autres. 
Et avec mes yeux qui se fermaient tous seuls, j'ai mis le plaid sur ma tête pour ne pas être éblouie par la torche en me disant qu'Arnaud peut me montrer tout ce qu'il veut par d'autres façons aussi, pourquoi pas dans mes rêves et j'ai commencé à plonger dans le sommeil.

En début de soirée, allongée comme ça par terre, je sentais le vent froid courir sur ma joue droite. Et là, il y avait toujours du vent et il était toujours froid mais je le percevais au-dessus de moi peut-être à 1m50 au-dessus de mon corps et juste en dessous du vent froid, il y avait comme un caisson rectangulaire avec dedans du chaud, je me sentais comme dans une couveuse mais sans sentiment de claustrophobie comme m'a décrit une personne à table parlant de sa venue au monde. C'était, il me semble, la taille idéale non pas pour naître mais pour mourir, environ deux fois la largeur du caveau actuel et peut-être trois fois en hauteur. Je me sentais bien là, dehors et dans le froid mais au chaud quand même et dans un endroit inconfortable pour les vivants mais avec quelque chose de douillet quand même pour moi qui étais dans l'inconfort et le froid depuis plus de 4h30.

Et en m'endormant, je sentais la présence d'Arnaud au-dessus de ma "couveuse". Il me disait qu'il avait encore tellement à me montrer, je ne peux même imaginer, concevoir toute l'immensité de ce qu'il a à me montrer mais il comprenait que je sois fatiguée et il était complètement d'accord pour que je dorme. Son bras ne touchait pas ma tête, il était au-dessus de la couveuse mais il caressait ma tête comme il caresserait la tête de sa petite-fille pour la bercer et protéger son sommeil. 
Je ne me sentais pas du tout sa petite fille et il n'était pas du tout mon grand-père mais il s'occupait de moi comme un grand-père s'occupe de sa petite fille. C'est certainement ça l'amour impersonnel dont il parlait. 

Puis, tandis que je fondais dans les bras de Morphée, je l'entendais non pas vaquer à ses occupations, il n'a aucune occupation, mais vivre dans le carré comme si je dormais dans un coin de la maison où il vivait avec Véronique. 

L'atmosphère me rappelait la sieste dans mon village au Vietnam. Tout est silencieux. On entend juste les bruits des animaux et de la nature. Tout le monde dort. Sauf moi. Je ne faisais jamais la sieste. J'allais jouer silencieusement dehors. Là, dans la maison funéraire d'Arnaud, avec sa présence bienveillante, une présence familière comme celle de mon grand-père, je me suis dit que les disciples de Swâmi Prajnanpad qui ont pu dormir dans sa hutte devaient ressentir ce que je ressentais là. 
J'ai dormi comme un gros bébé et à priori, j'ai ronflé comme un camionneur au pied de sa tombe. :-) :-) :-) :-)

Oui, bien sûr, il faut retenir l'idée de la hutte. 

******

Quelques minutes après 5h, je me suis réveillée. Quand j'ai vu l'heure, je me suis dit que cette fois, je peux y aller. Je regardais autour de moi. Arnaud n'était plus dans le monde des vivants mais il était là dans sa tombe comme d'habitude. Il n'y dormait pas, il ne dort pas, il est mort et on ne peut plus mort. Mais il est réellement là. 
J'ai remballé mes affaires. Il faisait toujours nuit noire. Et je suis sortie du carré en le remerciant mentalement de m'avoir accueillie dans sa maison pour la nuit. 
En descendant le chemin, je me suis dit que ce serait bien que je ne fasse pas une dernière rencontre impromptue avec le diable. Je n'étais pas du tout certaine de supporter le choc cette fois parce que je ne suis plus dans un coin sécurisé, j'étais à découvert et si je panique je peux tomber, me casser un os, je n'avais pas du tout envie de ça, j'ai eu ma dose d'émotions fortes. Et heureusement qu'il ne s'est rien passé. J'ai pu rentrer et fermer la porte à clé comme me l'a dit Cédric que j'ai croisé à l'aller. 

Arnaud ne m'a dit ni de revenir ni de ne pas revenir. 
Quand je suis partie, j'avais juste la sensation que si mon art funéraire m'a été jusqu'à maintenant donné par des tas de "gens" (le monument en ossement a été vu dans une stèle du carré musulman du nouveau cimetière de Montigny grâce aux feuilles des arbres devant, du vent et de la position du soleil dans le ciel ce jour-là et à ce moment-là et d'autres sépultures ont été vues sur plein d'autres supports comme la croix de Jésus à l'église St-Martin), le fantôme, l'âme, l'esprit d'Arnaud Desjardins a pour moi, des caisses et des caisses d'idées, je ne peux plus ne pas y croire et de ce fait, mon art funéraire sera l'art funéraire d'Arnaud Desjardins, le vrai. C'est logique parce que c'est par Arnaud que j'ai compris l'art en général avant même de m'intéresser à l'art funéraire. 

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